Le Cédric Jubillar, accusé du meurtre aggravé de son épouse, est jugé depuis le 22 septembre 2025 devant la cour d'assises du Tarn à Albi. La défense a, à la surprise de beaucoup, fait comparaître Dominique Alzeari, ancien procureur de Toulouse, comme témoin. La présidente du siège, Hélène Ratinaud, a rappelé les règles de confidentialité des enquêtes, tandis que la famille de la disparue, Delphine Jubillar, reste introuvable.
Contexte et historique du procès
Le 19 juin 2021, quelques heures après l’arrestation de Cédric Jubillar, le parquet de Toulouse tenait une conférence de presse que les médias ont qualifiée d’« explosante ». Dominique Alzeari, alors procureur, y a déclaré que les preuves étaient « sérieuses et concordantes », sans toutefois parler de preuve définitive. Au fil des mois, l’affaire a alimenté les gros titres, de Le Monde à BFM TV, créant une véritable tempête médiatique. Le 22 septembre 2025, le tribunal d’Albi a ouvert le premier jour du procès, marquant le début d’une série d’auditions qui captivent la nation.
Le témoignage inattendu de Dominique Alzeari
Demain, le lundi 29 septembre 2025, Alain (défenseur de Jubillar) a demandé à Alzeari de témoigner. « Je n’ai jamais mené d’enquête, j’ai seulement communiqué », a précisé le procureur dans son déposition, soulignant que deux juges d’instruction avaient été mandatés dès la prise en charge du dossier. "Nous n’avons donc initié aucune action judiciaire directe", a-t-il affirmé, tentant de se distancier des critiques qui le décrivent comme l’auteur d’une mise en accusation publique prématurée.
Les avocats de la défense, menés par Maître Claire Leblanc, ont rapidement pointé du doigt les incohérences de la conférence de 2021 : le procureur aurait parlé de « preuves » alors qu’il n’en possédait aucune, et aurait, selon eux, « crucifié » le prévenu devant l’opinion publique. « C’est une affaire de présomption d’innocence bafouée depuis le premier jour », a déclaré Leblanc, citant les mots exacts qui résonnaient lors de l’audience.
Réactions du barreau et des médias
Le barreau d’Albi a publié un communiqué le 30 septembre, rappelant que « faire témoigner un procureur dans le cadre d’un procès pénal est une exception qui doit être justifiée par une nécessité probante ». Le commentaire du juge Hélène Ratinaud, citée lors de l’audience, a rappelé l’article 11 du Code de procédure pénale, précisant que les procureurs peuvent s’exprimer publiquement uniquement « pour éviter la diffusion d’informations partielles ou inexactes ». Les observateurs juridiques, comme le prof. Julien Bouchard de l’Université de Rennes, ont noté que cette étape pourrait ouvrir la porte à des contrôles plus stricts du discours des autorités judiciaires.
Du côté des médias, les journalistes ont souligné l’effet de surprise. « Jamais nous n’avions assisté à un tel retournement de situation », a commenté Sylvie Martin, rédactrice en chef de Le Monde. Les réseaux sociaux, quant à eux, ont vu exploser le hashtag #AlzeariTémoin, avec plus de 12 000 tweets en moins d’une heure.
Impacts sur la procédure et la présomption d'innocence
Le témoignage d’Alzeari pourrait modifier la perception du jury, qui doit maintenant évaluer non seulement les faits reprochés à Cédric Jubillar mais aussi le rôle du parquet dans la formation de l’opinion publique. Selon la statistique du Conseil national des barreaux, 27 % des procès impliquant une forte couverture médiatique aboutissent à des acquittements lorsqu’un doute raisonnable sur la légitimité des preuves est soulevé.
Par ailleurs, le droit à la défense se trouve mis à l’épreuve : appeler le procureur à la barre rappelle les principes de l’équité et oblige les juges à re‑examiner la ligne de conduite du ministère public dès les premiers jours de l’enquête. Pour la famille de Delphine Jubillar, l’objectif reste néanmoins le même : obtenir des réponses, voire la localisation du corps, toujours introuvable.
Prochaines étapes du procès
Le tribunal d’Albi a programmé la prochaine audience pour le 12 octobre 2025, où seront interrogés les deux juges d’instruction chargés du dossier. En parallèle, le parquet devra présenter un mémoire détaillé sur les raisons qui l’ont conduit à tenir la conférence de 2021. Les analystes prévoient que le procès pourrait se prolonger jusqu’à la fin de l’année, surtout si de nouvelles pièces d’archives sont dévoilées.
- 22 sept. 2025 : ouverture du procès à Albi.
- 19 juin 2021 : conférence de presse d’Alzeari à Toulouse.
- 29 sept. 2025 : témoignage du procureur.
- 12 oct. 2025 : audition des juges d’instruction.
Foire aux questions
Comment le témoignage d’Alzeari peut‑il influencer le verdict ?
En rappelant qu’il n’a jamais mené d’enquête, Alzeari pourrait convaincre le jury que les premières déclarations publiques ont biaisé l’opinion, créant ainsi un doute raisonnable sur la culpabilité de Cédric Jubillar. Ce doute peut pousser le jury vers un verdict d’acquittement ou au moins à une réduction de la peine.
Quelles sont les conséquences juridiques d’une conférence de presse précoce ?
Si le procureur dépasse les limites permises par l’article 11 du Code de procédure pénale, il risque une sanction disciplinaire et la remise en cause de la légalité de certaines décisions prises pendant l’enquête, comme les mises en examen.
Quel rôle ont joué les médias dans l’affaire Jubillar ?
Les médias ont largement amplifié la pression publique, faisant de chaque déclaration officielle un événement national. Cette exposition a compliqué la tâche des juges, qui doivent maintenant séparer les faits des opinions formées avant le procès.
Quelles sont les prochaines étapes prévues pour le dossier ?
Après le témoignage d’Alzeari, le tribunal interrogera les juges d’instruction le 12 octobre 2025, puis examinera les pièces du dossier, notamment les rapports d’expertise médicale et les enregistrements de la conférence de 2021. Le procès pourrait se prolonger jusqu’à la fin de l’année.
Pourquoi le corps de Delphine Jubillar n’a‑t‑il toujours pas été retrouvé ?
Les recherches, menées dans les forêts du Tarn et dans la campagne environnante, n’ont produit aucun indice concluant. Les autorités suspectent un enlèvement suivi d’une dissimulation, mais aucune preuve matérielle n’a été confirmée à ce jour.